La compétence technique électrique au centre des préoccupations de l’industrie
Selon l’ingénieur d’ArcelorMittal Cédric Gavel, : “la qualité des infrastructures de distribution d’énergie électrique Basse Tension (BT), au sein des industries, constitue un des éléments incontournables pour assurer l’exploitation des installations et permettre le développement de l’outil industriel”.
La production et la continuité de service des outils, reprend Cédric Gavel ne peuvent être garanties que par l’existence d’une installation de distribution fiable et correctement dimensionnée.
Le bon dimensionnement des réseaux, lors de la conception, ne suffit pas à atteindre l’objectif. En effet, le contexte industriel met souvent à rude épreuve les installations, et c’est d’autant plus vrai lorsqu’elles sont sollicitées 24/7.
Cédric Gavel : La maintenance est essentielle
Les contraintes d’exploitation ne donnent que peu de temps aux services de maintenance pour assurer l’entretien des tableaux de distributions électriques. Leur rôle est essentiel dans la qualité de service. Il est alors nécessaire de disposer du niveau de compétence adéquat afin de faire face aux difficultés et aux imprévus, aussi bien lors de la conception que lors des opérations de maintenance.
Je souhaite attirer l’attention sur un aspect technique, en apparence secondaire, et pourtant essentiel lors de la conception d’une architecture de distribution électrique BT : le régime de neutre selon Cédric Gavel. Son choix a une incidence directe sur l’exploitation des outils qui seront alimentés par le réseau.
Il existe plusieurs topologies de circuits quant au raccordement du neutre du transformateur à la terre. Les plus connues sont bien entendu les régimes de neutre TT, TN-S ou TN-C. À ces derniers s’ajoutent le régime de neutre IT, que l’on pourra qualifier de Neutre impédant (ou Neutre isolé). Ce régime présente l’avantage d’autoriser la continuité de service – même en présence d’un premier défaut d’isolement sur le réseau électrique. Il est parfois qualifié de « déclenchement au second défaut ». Effectivement la conception du réseau permet la poursuite de l’exploitation du réseau électrique et ce malgré la présence d’un défaut d’isolement sur une des phases. C’est le second défaut, qui apparaîtrait sur une autre phase, qui entraîne le déclenchement des protections électriques, ceci afin de mettre en sécurité les parties du réseau qui sont en défaut. Il est à noter que l’apparition d’un second défaut sur la même phase que le premier n’a pas d’incidence sur l’exploitation du réseau. Dans cette situation, il n’y aura pas de déclenchement.
Cédric Gavel : L’atout est l’architecture de distribution
Ce type d’architecture de distribution prend tout son sens avec les process continus. Cela permet effectivement la poursuite de l’exploitation des outils industriels, en présence d’un défaut, contrairement aux autres régimes de neutre qui impliquent un déclenchement, des protections électriques, au premier défaut et donc conduisent implicitement des pertes d’exploitation.
Il est à noter que ce type de régime de neutre suppose des moyens de contrôle et de surveillance du réseau. Le CPI (Contrôleur Permanent d’Isolement) a pour fonction de mesurer, en permanence, le niveau d’isolement du réseau et d’en informer le personnel en charge de l’exploitation. Il faut alors engager des moyens humains pour la recherche et l’élimination dès l’apparition du premier défaut. Il semble alors évident que lors de la mise en œuvre de ce type de régime de neutre, l’entreprise a l’obligation de disposer d’électriciens qualifiés, pour intervenir immédiatement en vue de rechercher et d’éliminer le défaut.
La pénurie de talent nous touche de plein fouet
Aujourd’hui, les jeunes recrues ne maîtrisent pas toujours ces différents types de régime de neutre, avec leurs avantages et inconvénients. La problématique à laquelle nous devons faire face ne se limite d’ailleurs pas à ce seul champ de compétence. En effet, il est de plus en plus difficile d’attirer les talents dans ces métiers techniques, pourtant indispensables à l’exploitation et au développement de nos outils industriels. Désormais, nous devons faire face à une réelle pénurie de compétences pour ces métiers fondamentaux.
La réindustrialisation de notre tissu économique passe nécessairement par la maîtrise de ces métiers techniques qui sont la clef de voûte de nos industries.
Il est devenu nécessaire de promouvoir les formations et les métiers en lien avec l’industrie afin d’attirer les nouvelles générations. L’attractivité de nos métiers est le nouveau défi que nous devons relever dans les années à venir.
Plus d’infos sur Cédric Gavel sur Tumblr et Crunchbase.