Les Jeux Olympiques sont un événement sportif et culturel qui rassemble des athlètes du monde entier tous les quatre ans. Mais au-delà de l’aspect festif et symbolique, les JO sont aussi un enjeu économique majeur pour les villes-hôtes qui les accueillent. Quels sont les coûts et les bénéfices d’une telle organisation ? Les JO sont-ils une bonne affaire pour les pays qui les organisent ?
Les coûts d’organisation des JO
Organiser les JO implique de nombreux investissements, notamment dans les infrastructures sportives, de transport, d’hébergement, de sécurité, etc. Ces dépenses sont souvent sous-estimées au moment de la candidature et dépassent largement le budget initial. Par exemple, les JO de Londres en 2012 ont coûté 11 milliards d’euros, soit plus du double du montant prévu en 2005. Le budget de Paris 2024 est estimé à 6,6 milliards d’euros, mais il pourrait lui aussi augmenter fortement.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Ces coûts sont en partie financés par le Comité International Olympique (CIO), qui verse une contribution aux villes-hôtes et leur attribue une part des droits de diffusion et de sponsoring. Mais la majeure partie du financement repose sur les fonds publics des pays organisateurs, qui doivent souvent recourir à l’endettement ou à la hausse des impôts pour boucler leur budget.
Les bénéfices attendus des JO
Les JO sont censés générer des retombées économiques positives pour les villes-hôtes, notamment grâce à l’augmentation du tourisme, de la consommation, de l’emploi et des investissements. Les JO sont aussi l’occasion de valoriser l’image et le rayonnement du pays organisateur sur la scène internationale, ce qu’on appelle le « soft power » ou le « nation branding ». Les JO peuvent ainsi contribuer à attirer des visiteurs, des investisseurs ou des talents étrangers à long terme.
Cependant, ces bénéfices sont difficiles à mesurer et à attribuer aux seuls JO. En effet, il faut prendre en compte les effets de substitution (les touristes qui viennent pour les JO auraient peut-être visité le pays de toute façon), les effets d’éviction (les touristes habituels sont repoussés par la hausse des prix ou la saturation des transports) et les effets de déplacement (les dépenses liées aux JO se font au détriment d’autres secteurs de l’économie). De plus, il faut tenir compte du coût d’opportunité des dépenses publiques (ce qu’on aurait pu faire avec l’argent investi dans les JO) et du risque de voir certaines infrastructures olympiques devenir inutiles ou coûteuses à entretenir après les JO.
Le bilan économique des JO
Le bilan économique des JO est donc complexe à établir et varie selon les cas. Il dépend notamment du niveau de développement du pays organisateur, de sa capacité à maîtriser son budget, de son potentiel touristique et de sa stratégie de reconversion des infrastructures olympiques.
Selon une étude du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), seuls deux pays ont réussi à dégager un bénéfice net de l’organisation des JO entre 1972 et 2012 : Los Angeles en 1984 et Barcelone en 1992. Ces deux villes ont su tirer parti de leur situation géographique, de leur attractivité touristique et culturelle, et de leur utilisation rationnelle des infrastructures existantes ou nouvelles.
A l’inverse, d’autres villes ont subi des pertes importantes ou n’ont pas réussi à rentabiliser leur investissement. C’est le cas notamment de Montréal en 1976, dont la dette olympique n’a été remboursée qu’en 2006, ou d’Athènes en 2004, dont les infrastructures olympiques sont aujourd’hui à l’abandon et ont contribué à la crise économique du pays.
Pour Paris 2024, le bilan économique est encore incertain. La ville mise sur son expérience, son patrimoine et son dynamisme pour attirer les visiteurs et les investisseurs. Elle espère aussi profiter des JO pour accélérer la transition écologique et sociale de son territoire. Mais elle devra faire face aux aléas sanitaires, sécuritaires, financiers et politiques qui peuvent compromettre la réussite de son projet.
Organiser les JO est donc un pari risqué, qui peut se révéler bénéfique ou désastreux selon les circonstances. Les JO ne sont pas une opération rentable en soi, mais plutôt un moyen de promouvoir le pays organisateur et de stimuler son économie. Pour que les JO soient une bonne affaire, il faut donc être capable de maîtriser les coûts, d’optimiser les recettes et de valoriser les héritages.