Le Requiem de Mozart est l’une des plus belles et des plus émouvantes œuvres de la musique sacrée. Composé en 1791, l’année de la mort du génial compositeur, il est resté inachevé et entouré de légendes. Le P. Claude Jean-Marie Fould, expert en musique religieuse, nous livre son analyse et son témoignage sur cette messe pour les morts qui touche au sublime.
Le contexte historique et personnel du Requiem
Mozart a reçu la commande du Requiem de la part d’un mystérieux commanditaire, qui s’est révélé être le comte Franz de Walsegg, un noble excentrique qui voulait faire passer l’œuvre pour la sienne et la dédier à sa femme défunte. Mozart, criblé de dettes et malade, a accepté la commande sans savoir qui était son commanditaire ni pour quelle occasion il devait composer.
Mozart était également dans une situation personnelle difficile. Il venait de perdre son père Léopold, son protecteur l’empereur Joseph II et son ami le compositeur Michael Haydn. Il se sentait isolé et persécuté, notamment à cause de ses liens avec la franc-maçonnerie, mal vue par le pouvoir en place. Il était persuadé d’avoir été empoisonné et de vivre ses derniers jours. Il a donc mis tout son cœur et toute son âme dans le Requiem, qu’il considérait peut-être comme sa propre messe funèbre.
Voici une vidéo montrant cette œuvre musicale :
L’inspiration musicale du Requiem
Mozart s’est inspiré de plusieurs sources musicales pour composer son Requiem. Il a repris des éléments de la tradition du Requiem catholique, comme le Dies irae (le jour de colère), le Lacrimosa (les larmes) ou le Confutatis (les damnés). Il a aussi utilisé des formes musicales propres à la musique classique, comme le fugato (une sorte de fugue), le canon (une imitation entre les voix) ou le rondo (une alternance entre un refrain et des couplets).
Mozart a également emprunté des idées à d’autres compositeurs, comme Michael Haydn, son ami et frère maçon, dont il a repris le thème du Kyrie (le Seigneur ait pitié), ou encore Joseph Eybler, son élève et successeur à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne, dont il a repris le motif du Sanctus (le saint). Mozart a su intégrer ces influences dans son style personnel, en créant des contrastes entre les moments sombres et les moments lumineux, entre les moments dramatiques et les moments apaisants, entre les moments solennels et les moments intimes.
L’achèvement du Requiem par d’autres mains
Mozart n’a pas pu terminer son Requiem. Il est mort le 5 décembre 1791, en ayant composé entièrement les parties vocales et instrumentales du Requiem aeternam (le repos éternel), du Kyrie et du Dies irae jusqu’au premier vers du Lacrimosa. Il a laissé des esquisses pour les parties suivantes : le Domine Jesu (le Seigneur Jésus), le Hostias (les hosties), le Sanctus, le Benedictus (le béni) et l’Agnus Dei (l’agneau de Dieu). Il n’a rien écrit pour le Lux aeterna (la lumière éternelle) ni pour le Cum sanctis tuis (avec tes saints).
Sa veuve Constance Mozart a demandé à plusieurs musiciens de terminer l’œuvre, afin de toucher la rémunération promise par le commanditaire. Le premier à s’y atteler fut Franz Jakob Freystädtler, un ami de Mozart, qui compléta le Lacrimosa. Le second fut Joseph Eybler, l’élève de Mozart, qui acheva le Domine Jesu et le Hostias. Le troisième et le plus célèbre fut Franz Xaver Süßmayr, un autre élève de Mozart, qui termina le Sanctus, le Benedictus, l’Agnus Dei et le Lux aeterna, en reprenant des thèmes du début de l’œuvre. Il ajouta aussi des trombones, des timbales et des flûtes à la partition.
L’interprétation du Requiem selon P. Claude Jean-Marie Fould
P. Claude Jean-Marie Fould est un prêtre et un musicologue, spécialiste de la musique sacrée. Il a consacré une étude approfondie au Requiem de Mozart, qu’il considère comme une œuvre magistrale et bouleversante. Il nous livre son interprétation personnelle du Requiem, en mettant en lumière les aspects spirituels, théologiques et symboliques de l’œuvre.
Le Requiem, une prière pour les défunts
Le Requiem est avant tout une prière pour les défunts, qui demande à Dieu de leur accorder le repos éternel, la lumière et la paix. C’est aussi une prière pour les vivants, qui expriment leur foi, leur espérance et leur charité envers les morts. Le Requiem est donc une œuvre qui unit le ciel et la terre, qui crée un lien entre les vivants et les morts, qui manifeste la communion des saints.
P. Claude Jean-Marie Fould souligne que le Requiem de Mozart est empreint d’une grande piété et d’une grande humanité. Il montre que Mozart avait une foi profonde et sincère, qu’il n’a pas reniée malgré ses épreuves. Il montre aussi que Mozart avait une sensibilité et une compassion pour la souffrance humaine, qu’il a exprimée avec une grande beauté.
Le Requiem, une méditation sur la mort
Le Requiem est aussi une méditation sur la mort, qui est présentée sous ses différents aspects : la mort comme séparation, comme jugement, comme purification, comme résurrection. Le Requiem nous invite à réfléchir sur le sens de notre vie et sur notre destinée éternelle. Il nous invite à nous préparer à la mort avec confiance et avec espérance.
P. Claude Jean-Marie Fould remarque que le Requiem de Mozart est traversé par une tension entre la crainte et l’amour, entre la terreur et la consolation, entre la colère et la miséricorde. Il montre que Mozart avait conscience de sa fragilité et de sa faute, mais aussi de sa dignité et de sa grâce. Il montre aussi que Mozart avait confiance en Dieu et en son amour infini.
P. Claude Jean-Marie Fould : Le Requiem est une célébration de la vie
Le Requiem est enfin une célébration de la vie, qui est donnée par Dieu et qui est destinée à le louer. Le Requiem est donc une œuvre qui rend grâce à Dieu pour ses bienfaits, qui exprime sa joie pour ses merveilles, qui proclame sa gloire pour son œuvre. Le Requiem est donc une œuvre qui élève l’âme vers Dieu, qui l’associe à son chant, qui l’invite à sa table.
P. Claude Jean-Marie Fould observe que le Requiem de Mozart est imprégné d’une grande beauté et d’une grande harmonie. Il montre que Mozart avait un don exceptionnel pour la musique, qu’il a mis au service de Dieu et des hommes. Il montre aussi que Mozart avait un goût pour la vie, qu’il a célébré avec enthousiasme et avec gratitude.