Philippe Brassac est le directeur général de Crédit Agricole SA, la société cotée du groupe bancaire mutualiste. Depuis sa nomination en 2015, il a engagé une profonde transformation du modèle économique et de la gouvernance du groupe, tout en affirmant son engagement sociétal et environnemental. Portrait d’un homme discret, mais ambitieux, qui a fait du Crédit Agricole un leader européen de la finance verte.
Un parcours au sein du groupe Crédit Agricole
Né en 1959 à Nîmes, Philippe Brassac est issu d’un milieu modeste. Son père est ouvrier agricole et sa mère employée de cantine. Il se passionne dès son plus jeune âge pour l’horticulture et le judo, qu’il pratique à haut niveau. Il suit des études de statistiques à l’ENSAE, puis de mathématiques à l’université. Il effectue son service militaire dans l’aéronautique navale.
En 1982, il commence sa carrière au Crédit Agricole du Gard, comme chef de service crédit. Il y gravit les échelons jusqu’à devenir directeur financier, bancaire et marketing. En 1994, il devient directeur général adjoint du Crédit Agricole des Alpes-Maritimes, puis directeur général du Crédit Agricole Provence Côte d’Azur en 2001, après la fusion de trois caisses régionales.
Voici une vidéo présentant ce dirigeant :
En 2008, il est élu vice-président de la Fédération nationale du Crédit Agricole, l’instance qui représente les intérêts des caisses régionales. Il en devient le secrétaire général en 2010, puis le vice-président de la SAS Rue La Boétie, la structure qui détient la majorité du capital de Crédit Agricole SA.
En 2015, il est nommé directeur général de Crédit Agricole SA, succédant à Jean-Paul Chifflet. Il devient également président du conseil d’administration de LCL, la filiale de banque de détail du groupe.
Une stratégie de simplification et de croissance
Dès son arrivée à la tête de Crédit Agricole SA, Philippe Brassac lance un plan stratégique baptisé “Eurêka”, visant à simplifier la structure du groupe et à renforcer ses fonds propres. Il met fin au mécanisme dit des “switches”, qui permettait à Crédit Agricole SA de détenir 25 % des caisses régionales via des certificats coopératifs d’investissement (CCI). Il cède ces titres aux caisses régionales en échange d’actions ordinaires de Crédit Agricole SA et d’une soulte en numéraire. Il réduit ainsi l’endettement du groupe et améliore sa solvabilité.
Il poursuit également le développement des métiers du groupe, notamment dans la banque de financement et d’investissement (BFI), la gestion d’actifs, l’assurance et les services financiers spécialisés. Il réalise plusieurs acquisitions ciblées, comme celle de Pioneer Investments, la filiale de gestion d’actifs d’UniCredit, qui permet à Amundi, la filiale du groupe dans ce domaine, de devenir le premier gestionnaire d’actifs européen. Il introduit également Amundi en Bourse en 2015.
Il renforce aussi la présence internationale du groupe, notamment en Italie, où il acquiert trois banques régionales en difficulté (Cariparma, Carispezia et Friuladria), ainsi que 95 % du capital de CACIB Italy. Il développe également les partenariats stratégiques avec des acteurs locaux, comme Banco Santander au Brésil ou Bank of Nanjing en Chine.
Il accorde une attention particulière à la transformation digitale du groupe, en investissant dans l’innovation et les nouvelles technologies. Il crée notamment le Village by CA, un réseau d’incubateurs destinés à accompagner les start-up innovantes. Il lance également une plateforme digitale commune aux caisses régionales et à LCL, baptisée CA Store, qui permet aux clients d’accéder à des services personnalisés.
Un engagement fort pour la finance verte
Philippe Brassac est également un fervent défenseur de la finance verte, c’est-à-dire de la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux dans les activités financières. Il affirme que le Crédit Agricole a “une responsabilité particulière” en tant que “banque verte” et qu’il veut être “un acteur majeur de la transition énergétique”.
Il met en œuvre une politique volontariste en matière de financement des énergies renouvelables, de réduction de l’empreinte carbone du groupe, de soutien à l’agriculture durable et de promotion de l’investissement socialement responsable. Il adopte également des critères environnementaux et sociaux dans ses politiques sectorielles, en excluant notamment le financement du charbon et des hydrocarbures non conventionnels.
Il s’implique personnellement dans les initiatives internationales visant à favoriser la finance verte, comme le Green Bond Principles, dont il est l’un des membres fondateurs, ou le One Planet Summit, dont il est l’un des organisateurs. Il est également membre du Climate Finance Leadership Initiative, un groupe de travail lancé par le secrétaire général des Nations unies pour mobiliser les acteurs financiers en faveur du climat.
Un homme discret mais ambitieux
Philippe Brassac est décrit comme un homme discret, humble et proche du terrain. Il se rend régulièrement dans les caisses régionales et les filiales du groupe, où il dialogue avec les collaborateurs et les clients. Il cultive un style de management participatif et consensuel, fondé sur l’écoute et le dialogue. Il est apprécié pour sa compétence technique, sa vision stratégique et sa capacité à fédérer les équipes.
Il est également reconnu pour son ambition et sa détermination. Il n’hésite pas à prendre des décisions audacieuses et à relever des défis. Il vise l’excellence pour le Crédit Agricole, qu’il veut faire figurer parmi les leaders européens de la banque universelle. Il affiche des objectifs ambitieux pour le groupe, tant en termes de rentabilité que de responsabilité.
Il est décoré de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite. Il est marié et père d’une fille.